Mis en évidence pour la première fois par la NASA dans le cadre du programme spatial Apollo en 1996, le concept de jumeau numérique (en anglais “digital twin”) semble être la nouvelle mode, remplaçant le RMS. Avec la pandémie de COVID-19 dont résulte l’accélération mondiale de la digitalisation, cette technologie a considérablement évolué. Bien que considéré comme l’une des principales tendances de l’industrie 4.0, le jumeau numérique est encore à un stade précoce de maturité. D’un point de vue économique, le marché mondial devrait atteindre 106,26 milliards de dollars en 2028 (et plus de 10 milliards de dollars en 2025 uniquement dans le secteur des télécoms).

Dans ce contexte, nous pouvons nous questionner sur : pourquoi un tel engouement ? Est-ce vraiment si utile ou un simple gadget ? Et comment peut-il répondre aux besoins spécifiques du marché des télécoms ? Jérôme Perret, Président d’ITD, nous partage sa vision et présente son approche pour rendre le jumeau numérique facile et accessible à tous.

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Qu’est-ce que le jumeau numérique dans les télécoms ?

Dans le secteur des télécommunications, le jumeau numérique correspond à l’utilisation de la modélisation tridimensionnelle d’un site ou d’une tour, pour créer des copies en temps réel des objets physiques.
 » Le concept de jumeau numérique se découpe en trois parties distinctes : le produit physique, le produit numérique et les connexions entre les deux produits. (…) Les connexions s’opèrent grâce aux données qui circulent du produit physique vers le produit numérique et les informations disponibles du produit numérique vers l’environnement physique « . (source Wikipedia)

Comment cela fonctionne-t-il en pratique ?

Tout d’abord, il faut collecter des données. Puis les calculer pour obtenir la représentation numérique de votre site.
Pendant des décennies, les données d’entrée des constructeurs de tours et des visites techniques ont constitué la seule source d’informations. Cependant, les dessins CAO et les fiches techniques n’étaient pas toujours aussi faciles à stocker qu’aujourd’hui. De ce fait, les visites techniques ont été et restent encore un défi en termes de sécurité et de coûts.
C’est pourquoi, depuis de nombreuses années, le secteur des télécoms cherche des alternatives à la collecte traditionnelle de données.
Par exemple, au début de 2010, chez ITD, nous avons testé les scanners laser développés par Faro ; puis fait voler des drones pour le compte de notre société sœur Delcom en Slovaquie.

Avez-vous été convaincu par les alternatives aux visites techniques ?

Dans les deux cas, ces produits semblaient initialement incroyables. Mais le coût financier et humain de ces technologies est si considérable qu’il ne surpasse pas le défaut des “ traditionnelles “ visites techniques sur site. Lorsque vous pouvez faire voler un drone, ce qui est illégal dans certains pays de nos clients, vous devez toujours vous rendre sur place. Tant avec les scanners laser qu’avec les drones, le temps de réalisation de la mission reste important et nécessite systématiquement l’intervention d’experts dédiés.
L’idée globale des technologies de nuages de points 3D ne serait pas complète si nous ne mentionnions pas le coût du stockage des données. Faites le calcul en dimensionnant votre portefeuille de tours avec un relevé par drone par trimestre (en supposant que cela soit suffisant)… vous pourriez être choqué !

D’ailleurs, avez-vous été convaincu par le résultat des visites techniques sur site par un drone ?

Les TowerCos qui testent actuellement la collecte de données par drone avec des capteurs de qualité topographique comprennent qu’ils ne répondent pas à un certain nombre de besoins commerciaux. Les drones à capteurs topographiques ne peuvent pas collecter de données techniques, ni d’informations sur les actifs. Par conséquent, je continue à me demander si les drones offrent vraiment plus de services que Google Street View ou encore Google Earth (qui, soit dit en passant, sont tous deux des outils gratuits !)

Qu’en est-il des nouvelles caméras ?

La précision pourrait avoir un sens lorsqu’il s’agit de capacité de chargement. Mais je me demande si les données extraites sont suffisamment fiables pour surpasser un géomètre, un robot de calcul et l’ingénieur pour analyser le résultat ?
Dans la plupart des pays, les dessins et les calculs doivent être approuvés par un ingénieur hautement qualifié. Et, je doute qu’il puisse donner son aval à des calculs basés sur des données de drones. Il est possible que certains le fassent, mais que se passera-t-il si les calculs échouent ?
Par conséquent, les drones millimétriques ne sont peut-être pas plus utiles que les centimétriques.

Je souhaitais avoir une démo de Bentley Systems mais elle n’a pas pu avoir lieu… Je demande donc à être convaincu du contraire.

Croyez-vous vraiment aux jumeaux numériques ?

Oui, bien sûr !
Les utilisateurs de ClickOnSite bénéficient déjà de notre modèle freemium des jumeaux numériques dans la version 2.2.5.
Il modélise les pylônes en 3D, les antennes radio, les faisceaux hertziens, les unités radio, les hauteurs et les azimuts associés, ainsi que les équipements au sol. Outre l’inventaire, il offre également une représentation très précise du site, quasi en temps réel lorsque les relevés sont effectués avec notre application ClickOnSite Mobile. Il propose également une capacité de filtrage en lien avec les standards de l’industrie (c.-à-d., antennes, équipements des locataires).
De plus, au printemps 2021, nous avons réalisé un pilote basé sur un mélange de technologies : Android, le learning machine (ML) et l’intelligence artificielle (AI). Cette innovation disruptive sera lancée officiellement au T1-2022 avec comme objectif primordial d’offrir un TCO imbattable.
Nous croyons donc au jumeau numérique, mais pas à n’importe quel prix !

Que peuvent attendre les TowerCos du jumeau numérique ?

Le cœur de métier des propriétaires de tours télécoms repose sur la gestion des équipes, des Hommes et des processus métier. Nous maîtrisons déjà ces compétences, mises à l’épreuve par nos milliers d’utilisateurs ClickOnSite.
Aussi, lorsque nous avons imaginé les fonctionnalités freemium de notre jumeau numérique, nous avons voulu leur apporter encore plus.

Quel conseil donneriez-vous aux propriétaires de tours télécoms ?

Il est urgent d’attendre. Les fournisseurs ne sont pas encore prêts (certains avouent même que leurs fonctionnalités ne sont pas finalisées). Les prix sont très élevés et des alternatives sont déjà en préparation. Les early adopters peuvent lancer des appels d’offres, et certains vendeurs demander des prototypages, mais je ne conclurai aucune affaire à ce stade.